Mes potes et la gamine
Lorella n'est pas dans la place depuis seulement huit jours que je lui annonce comme ça, sans trop la ménager, qu'elle va faire la connaissance de deux de mes potes. Dont le fameux Jeff, ce Parisien qui de temps en temps se déplace en province. Celui-là même que les voisins indiscrets considèrent être un conspirateur de haute volée. Pas plus recommandable que ça.
Faute de se passionner pour leurs mornes existences, nos voisins nous inventent des vies. Bon, tant qu'ils ne laissent pas leurs chiens aboyer...
Pour la gosse, cette nouvelle est un choc. En somme, si on oublie la déco archi-démodée elle se trouve plutôt peinarde chez l'ancêtre. Je lis ou bien j'écoute la radio, parfois les deux ensemble. Je n'ai pas un mode de vie dérangeant. Certes, je l'écoute un peu fort, cette radio, toutefois la génération de Lorella a eu les tympans crevés par les MP3, alors...
Je n'apprécie pas beaucoup la télé. Je m'en fous que Lorella s'en gave jusqu'à l'abrutissement. Elle a un programme éco, la télé, qui ne bouffe pas des masses d'électricité.
Pour le reste, la mouflette a vite pigé qu'elle pouvait faire tout ce qu'elle voulait du moment que le croulant (prompt à râler comme n'importe quel petit vieux) ne s'en aperçoive pas.
Fastoche ! Elle a souvent l'impression, Lorella, de tourner autour d'Alphonse tellement ralenti par le poids des ans, à la manière d'une tornade.
C'est un jeu grisant à condition qu'elle fasse gaffe. Que malencontreusement, emportée par son élan, elle ne me bouscule pas. Je sais qu'elle se montrera prudente. Elle est sûrement convaincue, la petite peste, que je pourrais me briser en deux tellement je suis sec comme du bois mort !
Réticences
Peinarde et dans ses meubles, maintenant aussi bien installée chez Alphonse qu'Iggy son chat, Lorella me raconte qu'il n'est nullement dans ses intentions de me couper de mes amis ; qu'elle est elle-même d'humeur sociable. particulièrement. Seulement voilà...
"Cette réunion de vieilles gloires souffrant d'ennuis de prostate et qui s'apprêtent à comparer la taille de leurs hémorroïdes, ça dépasse évidemment en horreur tous les drames de la télé... C'est cool si l'on veut, mais bon... Déjà qu'on en voit toujours pas la fin de ce fichu mauvais temps..."
Lorella a un peu honte. Elle s'estimait plus courageuse face à la menace. Il faut dire tout de même pour l'excuser que le péril s'annonce colossal.