Bonjour !

Lorella me souhaite une bonne journée en s'en allant se jeter dans les bras d'un petit con qui, sûrement, ne la mérite pas. Quant à moi, il est évident que je la mérite, Lorella. Mais on ne réussit plus au mérite, de nos jours, les dés sont pipés.

Pourquoi ces femmes qui nous gâchent la vie se croient-elles obligées de s'en aller en nous souhaitant une bonne journée ? Comme si l'on pouvait se passer d'elles ! Il y a là un épais mystère que la science  jamais ne parviendra à éclaircir. On prend les paris ?

Comme s'il lui en restait des tonnes et des kilos, au père Alphonse, de bonnes journées... Même si je ne me montre pas exagérément pessimiste, j'ai conscience que le temps m'est compté.

Calculons l'affaire sans complaisance aucune.

A 94 ans, j'ai encore bien dix ans devant moi, si ça se trouve. Dix années, ça ne fait jamais que dix bonnes occasions de chopper la grippe...

Dix bonnes occasions de tomber à la renverse pour avoir abusé du beaujolais nouveau...

Dix bonnes occasions de se dessécher la couenne pour cause de canicule...

Dix fois seulement, seuls les mous peuvent trouver là matière à faire des histoires. Un dur à cuire comme moi... Familier de la mitraille boche comme des bombes ricaines... A croire qu'ils faisaient un concours à celui qui nous en mettrait le plus sur la gueule...

Dix courtes années... Elle s'en rend pas compte cette gosse de 20 ans qui a devant elle des décennies pour s'enrhumer ou se saouler, dix années ça passe vite. Même que ça file, waouh !...

Je le sais d'autant mieux que c'est à peine si je les ai vues passer mes 94 années à m'user dans la file d'attente.