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Papy Alphonse
5 mai 2017

Imprévisibilité

Les vieux tout comme les gosses sont imprévisibles. C'est une drôle d'affaire de faire le tour, de boucler la boucle. On revient un jour perclus de rhumatismes à son point de départ, guère plus vaillant qu'un nourrisson ; il n'est pas sûr qu'on ait beaucoup appris.

Iggy, le chat, n'a pas pris des habitudes de châtelain. Alphonse, contrairement à la fois précédente, ne l'a pas laissé entrer. Iggy est un seigneur sans domaine, un chevalier errant.

Projet4

Ce n'est pas que Lorella soit beaucoup attachée aux choses, mais ça lui brise un peu le coeur quand même, de ne pouvoir offrir à son matou un véritable foyer. Rien que du provisoire, toujours. Comme chez cette copine où elle squatte actuellement. Copine qui, elle, s'apprête à déménager.

Lorella s'abaisse et prend Iggy par la peau du cou. Le chat émet un petit couinement et puis ronronne quand la fille le serre contre son coeur.

 

Sauvetage à l'infini

Mission de sauvetage d'Iggy accomplie. Lorella n'a plus qu'à quitter l'immeuble. En plus elle a évité le vieil Alphonse. L'acariâtre qui, pour montrer une fois de plus au monde son caractère salement aigri, a laissé Iggy gratter à sa porte sans venir lui ouvrir.

Voici Lorella, sur le point de faire demi-tour, saisie par le doute. S'il était mort l'ancêtre qui dans sa jeunesse a bien connu les derniers dinosaures ?... Des vieux auxquels on ne porte plus aucune attention et qu'on repère au bout de quelques jours à l'odeur, les exemples abondent... Ca ne suscite plus l'émoi que de la presse locale et encore...

Copie de PHTO0316

Alors elle sonne, Lorella. Elle sonne comme on fait une connerie, parce que vraiment, Alphonse le mal embouché... Lorella sonne aussi comme on fait sa B.A. Elle une fille délurée, tu parles ! Elle se traite de poire.

Bon, cela dit, ce n'est pas trop grave, Lorella sonne et le vieux ne réagit pas. Personne ne vient lui ouvrir.

Le vieux a claboté, pas de doute. Ce n'est rien. d'un point de vue général c'est peut-être même mieux. Avec le déficit des caisses de retraites... Et tant de mauvais français qui s'obstinent à ne pas crever dans les délais... Pas de doute, les abus dans une société laxiste c'est pas ce qui manque.

 

Hésitation

Lorella sur le palier d'Alphonse avec Iggy son chat argenté dans les bras. Alphonse qui n'ouvre ni à elle ni à son matou. Alphonse qui oppose à toutes leurs tentatives pour fraterniser un silence obstiné.

Lorella hésite entre appeler les flics ou bien s'en foutre. Comme elle n'hésite pas que pour la forme, elle se dit qu'elle est une fichue bonne fille. Aussi, fière d'elle-même, n'hésite-t-elle plus à s'en foutre désormais.

PHTO0317

Les vieux dans notre société c'est toujours pas ce qui manque et ils ne manquent à personne quand ils ne sont plus là.

Cette fois-ci Lorella est décidée à mettre les bouts. Sauf que merde, n'est-ce pas comme un bruit qu'elle vient d'entendre ? Si elle ne sait pas trop, Iggy a tout de suite dressé l'oreille grâce à ses sens aiguisés de super héros.

Vacherie et putain de vacherie ! Il y a dans le silence de cet appartement un macchabée qui bouge encore...

Les vieux, décidément, n'arrivent pas à se décider. 

 

Féerie

L'âge c'est rapidement que ça vous prend des allures de féerie. Tout devient effort. Après 90 balais tout devient même exploit. Y'a des médaillés des J.O. pourtant durement entraînés, dopés jusqu'aux yeux, qu'ont pas le quart du mérite d'un vieux débris qui arrive au bout de sa journée.

Le sport de haut niveau est balaise sans doute, mais c'est de la frime à comparaison d'un papy déglingué encore décidé à durer.

Moi, Alphonse, quand je viens vous ouvrir ma porte... Vous ne devez pas craindre de vous extasier ni d'applaudir. C'est amplement mérité.

003

Abonné au câble, vous pensez avoir tout vu. Vous ne connaissez rien au contraire. Ni de la misère humaine ni de sa volonté acharnée à se dépasser.

De moi, le vieil Alphonse, des cons tout de suite diraient que je serais mieux entre quatre planches. Des cons ne comprendraient pas que c'est seulement maintenant, arrivé à mon grand âge, que je donne le meilleur de moi-même. Que rapetissé par les ans, je me grandis.

Je me considère comme un héros qui le plus souvent s'ignore. Y'en a d'autres dans notre société. En général, d'eux pas mal on s'en fout. Pourtant tous mériteraient d'être admirés.

E16

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